AXEL KAHN, invité de FDS Le 8 février 2011, au Procope, Paris
FDS a eu le grand plaisir de recevoir le 8 février dernier dans le cadre de ses déjeuners mensuels une personnalité exceptionnelle, Axel Kahn, qui a répondu avec le talent que chacun lui connaît aux nombreuses questions des participantes.
Axel Kahn, fils de philosophe et frère du journaliste JF Kahn, devient docteur en médecine en 1974, docteur es sciences en 1976, diplômé des Facultés de médecine et de sciences de Paris. Il va très vite occuper des fonctions de chargé de recherche, puis de directeur de recherche à l’INSERM en 1984 jusqu’à diriger en 2001 l’Institut Cochin de génétique moléculaire. Il effectue en 1997 un passage dans le secteur privé en devenant directeur scientifique pour les sciences de la vie chez Rhône Poulenc. AK est membre d’innombrables commissions et instances scientifiques, Président de la Fondation internationale du handicap, membre de sociétés savantes et académies en France comme à l’étranger.
AK a bien voulu évoquer avec les membres de FDS tout à la fois les sujets d’actualité dans le domaine de l’éthique (accouchement sous X, homoparentalité, mère porteuse, euthanasie, thérapie génique, « bébé médicament ») et ses préoccupations professionnelles du moment en sa qualité de Président d’une des plus grandes universités pluridisciplinaires françaises, Paris Descartes, forte de 35 000 étudiants.
Elu en décembre 2007 en application de la nouvelle loi sur les universités dite LRU, il a su répondre à l’appel de la ministre de l’enseignement supérieur, Valérie Pécresse, qui souhaitait que des personnalités scientifiques de renom s’investissent dans la conduite d’établissements universitaires devenus autonomes. Deux ans après, il se proclame « heureux » de cette expérience : « L’autonomie, c’est le contraire de la dépendance ; et cela oblige à être responsable. ». Il se prépare même à publier un livre d’entretiens à deux voix avec Valérie Pécresse qui s’intitulera « Controverses ».
Prônant une éthique de la responsabilité, hostile au clonage thérapeutique, Il pose la question essentielle : comment se comporter correctement dans l’application des nouvelles possibilités de la science ? Dissociée des valeurs éthiques, la maîtrise croissante des mécanismes de la vie par la science ne constitue-t-elle pas une menace pour l’humanité ?
Face à l’essor des biotechnologies, au clonage humain, à l’assistance médicale à la procréation, aux essais sur l’être humain, AK prône une responsabilisation accrue de l’homme.
A propos d’un épisode récent d’enfant né sous X qui vient d’être confié par la cour d’appel d’Angers à la garde de ses grands parents malgré l’opposition de sa mère, il se montre sceptique sur ce que l’on met en avant comme étant l’intérêt supérieur de l’enfant, tel qu’il a été posé en principe par la convention de 1989. Qui est en mesure de le garantir alors qu’il va se trouver au cœur d’un conflit familial majeur ? Qui faut-il privilégier : la famille de cœur ou la famille biologique ? Il rappelle qu’une femme a parfaitement le droit d’abandonner son enfant et que le système d’adoption existe pour pallier ce type de décision et redonner une seconde vie à l’enfant.
AK, qui se définit avant tout comme un humaniste, évoque également ses fortes convictions en faveur du respect de la juste place des femmes dans nos sociétés encore marquée par trop d’inégalités. Après avoir rappelé la genèse de cette domination historique entre les hommes et les femmes que l’on retrouve dans presque toutes les sociétés au fil du temps, il souligne combien sont encore prégnantes les réticences à confier les postes de responsabilité aux femmes ; le milieu médical comme celui des enseignants-chercheurs n’échappent d’ailleurs pas à la règle.
AK croit à la nécessité de réunir hommes et femmes au sein d’une même gouvernance si l’on veut qu’elle soit efficace et équilibrée. A cette fin, il estime aujourd’hui que la situation ne pourra évoluer sans une politique volontariste et interventionniste.
Chacune d’entre nous aura apprécié au cours de ce déjeuner la qualité des échanges avec une personnalité charismatique, à la parole claire et à la pensée construite qui sur nombre de sujets éthiques et malgré qu’il s’en défende, est considéré par beaucoup comme une référence.
Synthèse proposée par Monique RONZEAU pour FDS